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    Des peupliers abattus gisent, têtes et bras coupés, le long des fossés qui bordent le vieux chemin de sable.


    Troncs puissants, est-ce possible ? Vos pieds n'étaient-ils pas fixés au sol, fixés si profondément, qu'ils semblaient indéracinables ?


    Vos cîmes n'ont-elles pas résisté à la rage des vents ?


    N'avez-vous pas repoussé longtemps les attaques malignes de l'hiver ?


    Votre noble tête est fendue, vos branches sont enfoncées dans le sol.


    Qui donc vous a ravi votre beauté ?


    Je vois emporter des baguettes, des copeaux, des éclats, débris de l'éventail de votre ramure.


    Je vois scier les branches de vos sommets et abattre les durs orteils de vos pieds.


    Votre haute couronne gît sur le sable ; chacun vient vous blesser, vous tailler, vous dépouiller à pleines mains.


    Partout la haine s'acharne contre votre misère.


    Pourtant, jadis vous refusa-t-on jamais amitié et paix ?...


    Noble troupe, n'était-ce pas pour notre bien, que veillant le long du chemin, vous répandiez votre ombre sur les passants harassés par la route, épuisés par le soleil ?


    Oui, pour notre bien !...


    Ah ! dites-moi, qui s'est jamais assis, fatigué, sous votre ombrage, sans vous remercier ?


    Dites-le moi !


    Lorsque le glaive du soleil me piquait les yeux et me chauffait le dos, je me suis souvent réfugié pour respirer sous l'abri de votre toit vert.


    Doux peupliers, je ne viendrai plus l'été, dans votre allée feuillue vous compter un à un !


    Que cela me peine !


    Les peupliers gisent, cous et mains coupés, le long des fossés qui bordent le vieux chemin de sable.


    Dérivé d'un texte de

    Guido Gezelle 1860 av-arbr-p-jpg.jpg ************************

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